mercredi 29 septembre 2010

Purge



Honnetement qui sait placer l'Estonie sur une carte? Selon mes souvenirs d'ecole, c'est a cote de la Lituanie, la Lettonie, et tous ces pays qui font rever. En realite, c'est en dessous de la Finlande, et c'est coince entre l'Allemagne et la Russie (quand je vous disais que c'est une destination qui laisse songeur).


A partir de l'histoire d'une jeune adolescente des annes 90 (estoniennes, donc quelques decennies de decalage avec l'Europe Occidentale), Sofi Oksanen remonte l'histoire de cette famille dans les annees d'apres-guerre (officielle. L'Allemagne et la Russie ont mis longtemps a arreter leur propre guerre sur ce territoire).


Plus que l'histoire des personnages, c'est l'histoire d'un pays que l'auteur fait decouvrir. Pour un lecteur de l'Europe Occidentale, c'est un choc culturel. Si le lecteur connait les ravages fait par le communisme et le nazisme, l'Estonie a eu les chances d'avoir les deux, ce qui en fait un melting pot interessant. Tentant de survivre sous ces differentes dictatures, les resistants deviennent collaborateurs, et vice versa. Les autres tentent de survivre tant bien que mal.

Un livre qui demontre avec beaucoup d'intelligence l'ambiguite de la nature humaine de sa mesquinerie a sa generosite.

samedi 25 septembre 2010

La Ballade de Lila K.



Le premier roman de Blandine Le Callet, La piece montee, etait deja grincant et pourtant criant de verite. L'auteur poursuit dans la meme veine mais sur un sujet tout a fait different avec son nouveau roman.


Lila K. dont le roman raconte son histoire, vit dans un futur proche, a la fin du 21ieme siecle. J'ai toujours eu du mal avec la science-fiction, etant beaucoup trop pragmatique pour ca. Cependant l'auteur extrapole seulement les derives actuelles de notre societe, rendant l'environnement decrit tout a fait (et malheureusement) credible.


Lila K. orpheline et pupille de la nation, vit dans la partie "saine" du pays, separee par un mur, de la Zone. Geniale, ce qui rendra sa vie plus difficile, le lecteur assiste a l'evolution de sa vie, a travers la succession des choix qu'elle fera. C'est fort bien vu, et son parcours est intelligent et touchant.

Ma situation est probablement a mettre en cause, mais je privilege en ce moment les livres sur les parcours initiatiques et les choix de vie non conventionnels que peuvent faire les personnages. Ils ne sont pas forcemment reels, mais ils permettent toujours de prendre du recul sur ses propres choix.

J'attends donc le prochain roman de l'auteur, meme si d'ici la ma vie aura probablement repris son cours normal et balise.





jeudi 23 septembre 2010

Jours toxiques


24h d'avion, une fatigue extreme (donc Proust est hors de question, meme si en soi, je ne peux pas dire qu'il soit dans le top de ma liste de livres a lire), un nom et une couverture qui attirent. Quand en plus, le sujet est une histoire de famille confrontee a la drogue, je prends.

J'ai ete tres agreablement surprise. Dieu (ou plutot mes proches parce que ma conversation avec Dieu s'est arretee il y a bien longtemps) savent que j'aime les Etats-Unis, mais il est vrai que j'ai du mal parfois avec sa "litterature", qui est souvent tres melodramatique, et qui deborde de plein sentiments, avec pour cloturer un happy end. Cela dit les Francais sont capables de la meme chose (hello Marc Levy et Guillaume Musso!), donc je suppose que c'est une question d'auteur plus que de pays.

Pour en revenir a Jours Toxiques, c'est bien ecrit (en tout cas, on echappe a la facilite), et c'est extremement prenant. Lorsque l'entourage de Jack, la vingtaine, decouvre qu'il est accro a l'heroine, c'est tout le schema familial qui s'ecroule et est a reconstruire. Sans sentimentalisme exacerbe, y sont decrits les sentiments et reactions contradictoires d'individus qui ne savent comment reagir face a une cause passablement perdue.

Je ne sais pas si Roxana Robinson a ete confrontee a la situation, ou si elle a fait remarquablement bien son metier de journaliste (cela dit il suffit de quelques films comme Basketball Diaries, Requiem for a dream, ou Trainspotting pour cerner le probleme), mais c'est un livre que l'on devrait offrir lors des campagnes de prevention de drogue (avec les excellents films mentionnes ci-dessus).

Mon mecene prefere en litterature a dit un jour que la pire chose qui puisse lui arriver est que ses enfants soient drogues. C'est probablement vrai, et il devrait etre contente que sa fille ne soit que chomeuse et sdf.







lundi 20 septembre 2010

Rupture


Lorsque seulement quleques jours apres lu un livre, on ne se souvient pas de l'histoire, c'est mauvais signe. Rupture en est un bon exemple. C'est quelconque.
Le sujet est vu, revu et rerevu malheureusement. Les massacres au sein des ecoles ne sont pas nouveaux, meme si ces derniere annees, la tendance est a ce que ce soit les eleves qui font un massacre et non pas les profs.

Simon Lelic met en scene Samuel, nouveau professeur fraichement debarque dans un college-lycee. Peu doue pour les relations humaines, il subira une rupture, et craquera en fin d'annee scolaire.

L'auteur veut montrer la pente declinante sur laquelle est le systeme scolaire anglais, entre autres. Vaste sujet, sur lequel il a de quoi ecrire. Mais la forme et le fond sont quelque peu ennuyeux, et n'apportent rien de nouveau. Au moins, ce n'est pas mal traduit (ou ecrit).

dimanche 19 septembre 2010

Disparues de Vancouver


C'est une triste realite, la prostitution est un metier a risques. Que Vancouver soit differente des autres villes, j'ai des doutes, mais Elise Fontenaille semble penser le contraire. L'auteur s'est donc penchee sur un tueur en serie ayant une predilection pour les prostituees.

Les disparues de Vancouver, qui se veut etre un documentaire, a comme fil directeur Sarah, une enfant adoptee dans une famille bourgeoise qui a plutot mal tournee. C'est en effet son enquete qui fait le plus de bruit puisque sa famille est une des rares d'avoir les moyens d'en mettre une en place.

Malheureusement ce documentaire n'est pas un thriller, et n'en a donc pas le suspense. Et pour un documentaire, il est bien trop peu fourni pour etre interessant. On nous indique apres quelques chapitres le nom du tueur en serie, mais je suis d'avis que le plus interessant n'etait pas la. Si le tueur en serie a choisi cette population comme cible, c'est qu'elle est dans l'ombre car illegale et marginale. Je pense qu'il aurait ete plus interessant d'etudier le profil des victimes et leur parcours afin de comprendre comment un tel drame peut passer inapercu. L'auteur nous indique que la raison est que les prostituees n'interessent personne. Certes, mais dans ce cas, c'est leger pour en faire un livre.

Une intention certes louable donc, rendre un hommage a ces victimes oubliees de tous, mais en toute honnetete, cela n'est pas assez fort pour provoquer assez d'emotion ou d'interet. Heureusement le livre etant court, cela limite l'ennui.

Ps: Je suis certes mauvaise en orthographe, mais j'ai une excuse: ordinateur qwerty, pas d'accent. Merci d'etre indulgent pour tous les accents inexistants.

Les derniers jours de Stefan Zweig


Stefan Zweig est sur le devant de la scene, grace a diverses parutions. Laurent Seksik a choisi de se concentrer sur ses derniers jours comme le nom du roman l'indique.

L'auteur a en effet choisi le roman biographique, base evidemment sur des faits historiques reels, afin de pouvoir faire parler l'ecrivain autrichien et sa femme. Si les derniers jours de l'auteur sont certes determinants dans sa vie puisqu'il s'est suicide avec sa femme, c'est bien entendu les quelques annees precedentes qui permettent de comprendre son geste, annees que l'auteur raconte avec beaucoup de pudeur et d'emotion.

Juif, l'ecrivain anticipe des les annees 30 le probleme que sa religion pose et s'exile lorsqu'il est encore possible. Paris, Londres, New-York, puis le Bresil, les destinations font rever, mais Stefan Zweig ne se remettra jamais de la decheance de la societe qu'il a connu (et de la societe en general, peut-on dire, dans ces annees noires).

Pour les lecteurs recherchant une biographie complete de l'autrichien, mieux vaut passer son chemin, en revanche, c'est fort bien ecrit et l'auteur sait retranscrire avec beaucoup de delicatesse l'atmosphere d'une epoque maudite, et les sentiments contradictoires que peut ressentir un exile qui arrive a survivre lorsque tous ses semblables sont extermines.