mercredi 31 mars 2010

Gérer l'après

Boualem Sansal sous forme de journal touche du doigt trois problématiques passablement controversées. Basée sur une histoire authentique, l'histoire rend d'autant plus importantes les problématiques. Deux frères, immigrés algériens en France, s'aperçoivent lors du massacre de leurs parents, avec qui ils ne vivaient pas, que leur père était un ancien dignitaire nazi qui avait réussi à se cacher en Algérie.

Le mythe du père s'effondre, s'ouvre alors le temps des recherches pour comprendre. Comprendre comment on peut travailler dans des camps de concentration, comment affronter l'après, accepter la lâcheté. Les deux frères ne réagiront pas de la même façon, mais la prise de conscience de ce passé les marquera durablement.

L'auteur, par le biais de ses personnages, évoque un parallèle entre la Shoah et l'islamisme extrême actuel présent dans certaines banlieus françaises. Si la comparaison semble quelque peu tirée par les cheveux, elle n'en est pas moins intéressante. S'y greffe aussi la guerre en Algérie.

La Shoah est bien sûr l'élément cental du Village de l'Allemand, et malgré de nombreuses lectures sur le sujet qui aurait dû me préparer, mais certaines descriptions des camps de concentraion sont presque insoutenables. Je suppose que c'est le prix à paye pour ce que l'Homme a fait. La responsabilité (et culpabilité) des générations suivantes quand aux fautes de leurs parents n'est pas nouveau, et l'excellent film Marche sur l'eau l'avait très bien évoqué. Le Village de l'Allemand continue donc de creuser le sillon, de manière fort intelligente.



dimanche 28 mars 2010

Les inséparables


J'avais découvert Marie Nimier avec la Reine du Silence, qui évoquait les souvenirs qu'elle avait de son père et de sa relation avec lui. Un livre intéressant, même s'il l'est probalement d'autant plus pour les lecteurs qui étaient familiers avec Roger Nimier.

Si les Inséparables ne prétendent en aucun cas être autobiographique (en tout cas, je ne l'ai pas trouvé d'affirmation comme quoi cela l'était, malgré mes recherches), l'auteur sème le doute en donnant au personnage principal des caractéristiques personnelles (notamment son parcours professionnel).

Peut-être est-ce par ce que l'on y parle d'une perdition d'une adolescente dans la drogue, ou peut-être est-ce parce que c'est touchant et bien écrit, en tout cas le livre se lit d'une traite. L'amitié est toujours complexe et faite de petits riens, et Marie Nimier en donne une ilustration parfaite.

On connaît tous le refrain du '"meilleures amies pour la vie" (au moins pour les filles), et puis finalement la vie fait que chacun(e) prend un chemin différent. Et si on se revoit encore, l'intimité que l'on a connu enfant a probablement évolué, les adultes ayant acquis avec l'âge à se modérer.

C'est donc à la fois une excellente réflexion sur l'amitié, et à la fois un intrigue touchante que nous livre Marie Nimier.



samedi 27 mars 2010


Certains n'ont vraiment pas de chance dans la vie. Clareece est obèse, analphabète, est coincée à Harlem avec sa mère dont elle est l'esclave, se fait violer son père quand il daigne lui rendre visite, et est enceinte de lui alors qu'elle a déjà un premier enfant trisomique de lui. Tout ça à seize ans. Sa grossesse sera peut-être son coup de chance puisqu'elle se fait renvoyer de son école traditionnelle et intègre une écolé alternative. Epaulée par son professeur et ses camarades, "Precious" trouvera un espace pour s'affirmer et reprendre sa vie en main.

Véritable drame social, Precious montre la misère sociale dans toute sa splendeur. Le mot Quart-Monde prend désormais toute sa signification. La critique de la société américaine et ses laissés pour compte, ou peut-être juste de l'humanité en général, est acerbe. Entre rêves et réalité, les scènes enchaînent une dégringolade dans l'horreur.

Le casting est admirable. Mariah Carey, qui pour moi représente la vulgarité dans toute sa splendeur, est irreconnaissable. Elle y est modeste, sans maquillage (enfin on reste dans un film donc sans maquillage visible), je l'ai même presque trouvée jolie. Et en plus elle joue bien. Comme quoi l'humanité n'est pas sans espoir.

Un film à voir pour sortir de sa cage dorée, et avoir une meilleure vision du monde réel. En revanche à éviter le jour, où l'on est passablement déprimé!

jeudi 25 mars 2010

Retour vers le passé


Besoin d'argent, en manque de notoriété, véritable manque artistique, quelle que soit la raison, les Cranberries se sont réunis pour quelques dates de concert sans même avoir de nouvel album à promouvoir.

Le groupe, qui se fait assez rare sur scène, n'a rien perdu de sa superbe. Avec un look et une énergie à la Cindy Lauper, Dolores O'Riordan mène le concert avec beaucoup de charisme. Evidemment comme leur album phare, No Need to Argue, date de 1994, et qu'il n'y a pas eu de nouvel album depuis quelques temps pour rajeunir leur fan club, le public est en majorité trentenaire mais totalement dévoué à la cause. Ce qui veut dire qu'on se prend certes une grosse claque en réalisant le temps qui est passé, mais que cela fait du bien, et qu'en plus l'ambiance est excellente. Tous les classiques sont repris avec entrain pour finir sur un Zombie incontournable...

Un nouvel album serait prévu l'année prochaine, ce qui veut dire on l'espère une nouvelle tournée!

mercredi 24 mars 2010

J'ai vulu porter l'étoile jaune


La vie étant pleine de coincidences (ou pas), j'avais acheté le livre ci-dessus avant de voir La Rafle. J'ai voulu porter l'étoile jaune relate exactement cette période. Comme je suis passablement psycho-rigide, et que la Shoah relève des mes obsessions (de même que la drogue et les vampires, allez comprendre), j'étais ravie (toute proportions gardées) d'avoir de quoi approfondir le sujet.

Françoise Siefridt, catholique convaincue, décide de porter l'étoile jaune (détournée, avec l'nscription Papou) en signe de protestation contre l'édit du 7 juin 1942 obligeant tout Juif de 6 ans à porter l'étoile jaune (pourquoi dans les films, les enfants de moins de six ans portent-ils donc l'étoile jaune?). Les Allemands ayant un sens de l'humour assez limité en ce temps-là, l'auteur est donc arrêtée et mis en camp d'abord aux Tourelles puis à Drancy pendant 3 mois. Drancy étant le point de passage des convois en partance pour les camps de concentration, la jeune fille cotoyera donc de nombreuses Juives qui ne reviendront jamais, et en particulier celles raflées lors du Vel D'Hiv.

Si le journal de bord est intéressant comme témoignage, le livre vaut surtout pour sa préface d'une centaine de pages sur le contexte et notamment sur la position de l'Eglise vis-à-vis de la persécution des Juifs. Si le sujet n'est pas nouveau (le film Amen avait notamment fait couler beaucoup d'encre), le livre ne penche ni d'un côté ni de l'autre et l'Eglise a fait le pire comme le meilleur.

Une excellente lectue pour ceux que le sujet intéresse.



dimanche 21 mars 2010

Colombe, l'ancêtre de Britney?


De mon année de bac français, je n'ai globalement que des mauvais souvenirs: un ennui mortel (grâce à Jean-Jacques Rousseau), l'impression d'être un coeur insensible (les Fleurs du Mal), et la confirmation d'être nulle (un abonnement à la note 5/20). Antigone d'Anouilh fut mon rayon de soleil, c'est pour dire. C'était une écriture moderne et acerbe.

Ayant lu récemment avec beaucoup d'intérêt une correspondance d'Anny Duperey (que jusque là je voyais à tort comme une actrice de série B, no offence Anny!), je me suis dit que ce n'était pas une coincidence. Et comme en plus, la pièce a fait beaucoup de bruit car elle réunit la mère et la fille (Sarah Giraudeau), cela commençait à devenir un passage obligé!

Bien m'en fut, (et bien m'en fut de choisir la matinée du dimanche, car la pièce dure 3h!) car la pièce est excellente. Le texte est aussi juste et drôle que mon souvenir du texte d'Antigone, et les acteurs sont tous plus excellents les uns que les autres. Anny Duperey n'est définitivement pas une actrice de série B et semble avoir un public acquis à sa cause. Les seconds rôles, si on peut les appeler comme ça sont irrésistibles, et sont tout aussi talentueux. La seule composition qui m'ait laissé plus sceptique était celle de Sarah Giraudeau, mais cela était peut-être pour le rôle.

De plus, les costumes et décors sont superbes, et la mise en scène extrêmement intelligente.

Colombe met en scène l'entrée dans le monde d'une jeune innocente qui va découvrir le monde du théâtre et y perdre son innocence. A l'heure actuelle, les adolescents ne sont plus innocents, mais la version actuelle de la perte de soi-même dans le monde du show-biz est toujours d'actualité. Britney pourrait être la version moderne de Colombe (mais avec beaucoup moins d'élégance).

Un classique qui dure trois heures et devant lequel on ne s'ennuie pas et devant lequel on ne voit pas le temps passé? On y court...

samedi 20 mars 2010

La Rafle


Il est toujours difficile de parler d'un film évoquant (ou en l'occurence montrant) les horreurs de la seconde guerre mondiale, et nombre de films sont souvent synonymes de controverses houleuses. On pense à la Shoah (déjà placé dans un débat différent car documentaire), au Pianiste, à La Liste de Schindler, mais surtout à la Vie est belle.
Tout film sur ce sujet est donc un pari fort ambitieux, car la part de l'imaginaire ne doit pas contrecarrer le dessein de véridicité historique.

La Rafle a pour point central la rafle du Vel d'Hiver qui permit au gouvernement français de livrer plus de 13000 Juifs aux Allemands, un échec relatif puisque l'objectif était de 20000 Juifs. J'ai lu récemment que la France était le pays européen qui avait à la fois le plus collaboré avec les Allemands et à la fois protégé le plus de Juifs. Je suis sceptique sur cette deuxième hypothèse, mais je suppose qu'une telle affirmation n'a pas pu être imprimé dans un journal national sans vérification (édition du mercredi 10 mars du Figaro et Vous).

La réalisatrice Rose Bosch a pris le parti-pris de raconter l'histoire du point de vue d'un enfant. Je ne sais pas si cela est dû à ça, mais les premières scènes semblent quelque peu idylliques. Le manège tourne, le stand de la boulangerie est aussi rempli que cela de ma boulangerie un dimanche matin, et le climat semble finalement assez peu terrifiant.
J'ajouterai également que les scènes avec Hitler sont passablement grotesques et n'apportent rien au film. Je comprends bien l'objectif de montrer l'opposition entre ces deux mondes, mais le processus est un peu caricatural.

Le film ne commence donc vraiment qu'avec la Rafle, et prend alors tout son sens. Porté par des acteurs très justes (Gad Elmaleh, Mélanie Laurent et Jean Reno, qui à l'image de Depardieu hésite entre nanards et bons films), on oscille entre émotions (même pour mon coeur sec) et faits historiques. Je ne donnerai pas 3 étoiles comme l'a fait le Figaro (mais c'est probablement pour ça -entre autres- que je ne suis pas critique de cinéma), mais un 2 étoiles. Et un film sur ces épisodes marquants, pour peu qu'il soit basé sur des faits historiques, est toujours indispensable, car les générations antérieures doivent avoir (à mon sens) un devoir de mémoire.

samedi 13 mars 2010

Ocean's songs


On me parle voyage, on me parle océan, on me parle de partir au bout du monde, et en plus on me prête le livre... Comment voulez vous que je résiste?

Dans la même veine que Nicolas Hulot, Olivier de Kersauson fait un point sur sa vie, afin de sensibiliser le lecteur à la beauté des mers. De la même façon, l'écriture est un peu scolaire, avec un chapitre sur chaque mer, et un sur chaque pays. Cela se lit très vite, en revanche le novice de la voile va souvent buter sur des termes techniques.

L'important n'est pas là, il est de voyager en pensée, et de voir d'autres horizons. Et l'objectif est réussi, on s'évade un court moment grâce à Ocean's Songs avant de reprendre le cours habituel de la vie.

dimanche 7 mars 2010

Le Tambour


Petit tour dans ma librairie, envie d'une lecture sérieuse après avoir fini un roman passablement creux. Le Tambour, en bonne place grâce à son ruban de nouvelle traduction attire mon oeil. 700 pages, un prix Nobel, une histoire de l'Allemagne à travers l'histoire d'un personnage, cela ne peut qu'être intéressant.

Et ça l'est. Sauf que cela tire aussi un peu en longueur. L'histoire de l'Allemagne n'est qu'évoquée et pour l'inculte que je suis, cela n'est pas vraiment assez. L'histoire propre du personnage est loin d'être inintéressante mais un peu décousue à mon goût. Psychorigide comme je suis, j'ai souvent besoin d'avoir un fil conducteur (mais je me soigne). C'est une belle langue mais le narrateur passe de le troisième personne à la première. J'ai eu beau essayé de comprendre la logique, je n'y suis pas encore arrivée... Au moins c'est bien écrit, la garantie est donc respectée.

Un film a été tiré du roman de Gunther Grass, qui paraît il était très réussi. A tenter...

samedi 6 mars 2010

Shutter Island

Jusqu'ici les adaptations des romans de Dennis Lehane (Gone Baby Gone, Mystic River) n'avaient donné que des réussites. Est quand celle-ci est faite par Scorsese, il y a d'autant moins de souci à se faire.

On retrouve donc sans surprise Léo interprétant le personnage principal (les acteurs fétiches, c'est bien mais c'est lassant, un peu de nouveautés ne feraient pas de mal) de ce thriller.

Shutter Island est un île sur laquelle est enfermée les prisonniers les plus dangereux et les plus psychologiquement marqués. Charmante compagnie dans un lieu aussi charmant (ambiance Alcatraz). Le mdecin à la tête du projet n'a pourtant pas encore encore connu les années 60/70 (l'action se passant en 1954) et son Peace & Love, mais espère montrer qu'avec de l'attention et de l'écoute, voire une simple humanité, il peut arriver à remettre ces esprits cabossés dans le droit chemin. Une patiente s'état volatilisé, Léo (le super héros national) est appelé pour mener l'enquête.

Le film durant 2h17, on néchappe pas à quelques lenteurs après la première heure de films. Scorsese incorpore des souvenirs de guerre de Teddy Daniels (LE US Marshall donc), et notamment de la libération de Dachau (un super héros on vous dit). Si l'intention est probablement bonne (situer l'état d'esprit du personnage), c'est assez inutile, et assez maladroit car les images montrées demandent un sérieux que le spectateur n'a peut-être pas envie d'avoir quand il vient voir un thriller. Sy télescopent aussi les souvenirs du personnage qui virent parfois dans le fantastique et peuvent lasser car ils ne semblent pas y avoir d'explications.

Evidemment Scorsese s'y connait en retournement de situation et l'intrigue prend alors un tour très différent. Je n'avais evidemment rien vu venir, et cela se savoure!

Une excellente façon de passer un après-midi pluvieux. Avis aux amateurs, il paraît que le livre est encore mieux...

mardi 2 mars 2010

Une éducation



Tiré des mémoires d'une journaliste britannique, Une éducation retrace sa dernière année au lycée, année qui va se révéler être cruciale dans les choix de vie.
Auréolée par de nombreux prix, le film est malheureusement assez peu présent sur les écrans français. C'est fort dommage car c'est un petit bijou. Les acteurs sont excellents, et Peter Sarsgaard continue de tracer sa route avec une filmographie pensée. On y retrouve également Dominic Cooper, aperçu dans The Duchess (et Mamma Mia).

C'est drôle, c'est esthétique, c'est intelligent, et presque même désuet avec un Londres dans les années 60. Et même avec une morale en filigranne, ce n'est pas pesant.

Je continue de penser que parfois, le choix des films à voir devrait se faire par le peu de salles dans lesquels ils sont montrés.